Le 25 juin 2025, Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a présenté devant l’Assemblée nationale les axes majeurs et les chiffres clés du rapport annuel 2024 de l’organisme. Cette intervention met en lumière les enjeux cruciaux de la régulation des marchés financiers français et européens dans un contexte marqué par une volatilité accrue et une transformation rapide du secteur financier. Entre la stabilité financière, l’Union de l’épargne et de l’investissement, et la protection renforcée des investisseurs, l’AMF confirme son rôle stratégique pour la gouvernance et la transparence des marchés, tout en appelant à des moyens adaptés pour relever les défis à venir.
Chiffres clés et fonctionnement de l’Autorité des marchés financiers en 2024
L’AMF, qui emploie 516 collaborateurs, supervise la première place financière de l’Union européenne. Elle encadre :
- 695 sociétés de gestion
- 13 200 organismes de placement collectif, représentant un encours supérieur à 2 000 milliards d’euros
- 110 prestataires de services sur actifs numériques
En 2024, l’Autorité a délivré 272 visas pour opérations financières, supervisé 14 introductions en bourse, et examiné 37 offres publiques. Elle a traité plus de 13 400 réclamations de particuliers et géré près de 2 000 dossiers de médiation, renforçant ainsi la relation de confiance avec les investisseurs.
Indicateur | Valeur 2024 |
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Nombre de collaborateurs | 516 |
Sociétés de gestion supervisées | 695 |
Organismes de placement collectif | 13 200 |
Encours sous gestion | 2 000 milliards d’euros |
Prestataires de services sur actifs numériques | 110 |
Visas délivrés (opérations financières) | 272 |
Introductions en bourse | 14 |
Offres publiques | 37 |
Réclamations de particuliers traitées | 13 400 |
Dossiers de médiation | 2 000 |
Enquêtes ouvertes | 30 |
Contrôles effectués | 56 |
Décisions de sanction | 12 |
Accords de transaction | 12 |
Montants reversés au Trésor public | 29 millions d’euros |
Le budget de l’AMF pour 2025 s’établit à 126 millions d’euros. Depuis 2014, l’organisme a versé au Trésor public un total cumulé de 156 millions d’euros. C’est un point important : contrairement à d’autres institutions publiques, l’AMF ne reçoit aucune subvention budgétaire et dépend entièrement des contributions de la Place financière. Ce mode de financement souligne son indépendance et sa responsabilité envers les acteurs qu’elle régule.
Les enjeux stratégiques de la régulation financière selon Marie-Anne Barbat-Layani
Marie-Anne Barbat-Layani a identifié trois axes majeurs d’action pour l’AMF :
- Renforcer la stabilité financière en tenant compte de la montée en puissance de la finance non bancaire, notamment par la participation à des instances internationales telles que le Conseil de stabilité financière et l’Organisation internationale des Commissions de Valeurs (OICV).
- Soutenir la construction de l’Union de l’épargne et de l’investissement, en s’attachant à mobiliser l’épargne européenne pour répondre aux besoins de financement accrus, tout en accélérant la supervision européenne des marchés de capitaux et en relançant la titrisation.
- Prioriser la protection des investisseurs en luttant contre les arnaques financières, les réseaux d’initiés et la criminalité organisée sur les marchés, tout en adaptant les outils juridiques pour renforcer la sécurité financière.
Ces priorités sont particulièrement pertinentes dans un contexte où la finance européenne doit combler un déficit de financement estimé à environ 1 000 milliards d’euros par an, en grande partie pour la transition numérique, énergétique et les enjeux de défense. Le rapport Draghi a notamment souligné que seuls 3 % de l’épargne européenne disponible seraient nécessaires pour couvrir ces besoins.
Stabilité financière et supervision internationale renforcée
Face aux tensions géopolitiques récentes, les marchés ont connu des pics de volatilité importants. Les infrastructures financières sont restées résilientes techniquement, mais les vulnérabilités structurelles persistent. L’AMF, co-présidant avec la Financial Conduct Authority britannique un groupe de l’OICV dédié à la stabilité financière, défend une vision rigoureuse et pragmatique de la régulation.
Un fait marquant : l’essor de la finance non bancaire, qui représente désormais la moitié de la finance mondiale. Cette transformation bouleverse la gouvernance des marchés, pousse à analyser les interactions entre acteurs et à initier à l’échelle nationale des tests de résistance trans-sectoriels, en partenariat notamment avec la Banque de France et l’ACPR.
Facteur | Impact sur la régulation |
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Finance non bancaire | Demande d’une régulation adaptée et étendue |
Volatilité accrue | Renforcement des mécanismes de surveillance et de protection |
Interactions sectorielles | Stress tests trans-sectoriels pour anticiper les crises |
Pressions géopolitiques | Veille renforcée et coopération internationale |
Union de l’épargne et de l’investissement : un défi majeur
L’AMF soutient activement le projet de l’Union qui vise à fluidifier le financement des économies européennes, réduire la fragmentation des marchés et renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe. Ce chantier s’appuie sur trois leviers essentiels :
- Mobilisation de l’épargne pour orienter les fonds vers des projets à long terme
- Supervision européenne intégrée pour simplifier sans déréguler
- Relance de la titrisation comme outil de financement innovant
Le rôle des investisseurs individuels est central. Pourtant, de nombreux ménages privilégient encore des produits peu rémunérateurs comme l’épargne réglementée ou l’assurance-vie, souvent par manque de culture financière. Ce phénomène est exacerbé chez les femmes, qui, bien qu’épargnantes, investissent moins en Bourse. L’AMF se positionne ainsi en soutien actif de la directive Women on Board pour favoriser une meilleure inclusion économique et financière.
Par ailleurs, la Place de Paris, grâce à sa régulation exigeante, reste compétitive en Europe. L’AMF encourage une compétition basée sur la qualité et la sécurité des marchés, pas sur la dilution des règles. Pourtant, la simplification réglementaire est attendue par les acteurs financiers pour faciliter l’accès aux marchés et aux produits, notamment dans le domaine de la finance durable, où le cadre normatif sera revu (ex. directive CSRD).
Protection des investisseurs : un impératif face aux dérives
La révolution des produits financiers, avec l’essor des ETF, actions fractionnées ou crypto-actifs, ouvre de nouvelles perspectives mais aussi des risques. Par exemple :
- 15 % des Français estiment avoir subi une escroquerie financière, chiffre qui grimpe à 35 % chez les moins de 35 ans
- Le montant moyen des pertes déclarées s’élève à 29 500 euros
Ces données révèlent l’urgence à renforcer la protection et la transparence sur les marchés. L’AMF intensifie ses contrôles, multiplie les sanctions et coopère étroitement avec le Parquet national financier pour combattre la criminalité organisée liée aux délits d’initiés et au blanchiment. Ce combat appelle à une modernisation des outils juridiques et à l’adoption imminente d’une loi de sécurité financière.
Indicateur | Données 2024 |
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Pourcentage de Français victimes d’escroquerie financière | 15 % |
Pourcentage chez les moins de 35 ans | 35 % |
Montant moyen des pertes | 29 500 € |
Actions de contrôle menées | 56 |
Décisions de sanction | 12 |
Accords de transaction | 12 |
La supervision de la résilience opérationnelle des acteurs financiers passe aussi par la mise en œuvre du règlement européen DORA, dont l’AMF a la charge en France. La réglementation européenne sur les crypto-actifs (MiCA) est un autre domaine où l’AMF se mobilise, alors que s’ouvre un nouveau chapitre avec l’obligation d’agrément des prestataires avant juillet 2026.
Pour mieux comprendre les fluctuations des marchés et les évolutions des instruments financiers, je vous invite à consulter nos analyses approfondies sur la volatilité des marchés financiers ou sur la situation des investisseurs en bourse en 2025.